YVES POPET
Né en 1946 à Reims, vit et travaille en Normandie
Dans le courant de l’abstraction géométrique, l’artiste expérimente de façon permanente et méthodique depuis le milieu des années 1960 l’orthogonalité, explorant dans le même temps les possibilités chromatiques de la couleur dans son rapport à la lumière. C’est dans les années 1980 qu’il introduit le pastel dans sa pratique artistique.
Chez Popet, l’usage du pastel est tout à fait particulier. Au cœur d’un univers chromatique qui déploie son nuancier en 1200 teintes, sa maîtrise n’est plus dans l’art de la palette mais bien dans celle de la palpation. C’est le corps qui mène la danse (c’en est une) et génère les gestes. Ce qui le met en mouvement est une technè du corps sachant qui travaille en parallèle avec un ça-voir régulateur et constructeur. Qu’on veuille bien l’imaginer et on voit aussitôt le souffle, la respiration et sa scansion, l’étalement ductile du pigment, affleurements, recouvrements, subtiles reprises dans un champ labile au cœur d’un a fresco continu tant qu’un point d’arrêt n’est pas décidé et la poudroyante couleur fixée à la bouche, avec parcimonie, et non à la bombe, pour ne pas altérer les propriétés réflexives de la lumière. Geste premier de l’Humanité et peut-être fondateur d’icelle puisque l’on sait depuis la découverte de la grotte de Blombos (C. Henshilwood, 1991) que les plus anciennes représentations artistiques connues sont des compositions géométriques (croisillons) sur des blocs d’ocre aux fonctions flous mais parmi lesquelles on évoque celle de saupoudrer la poudre colorée sur des objets... On pourrait nous reprocher d’avoir manqué l’analyse de l’ordonnancement mis en place par Yves Popet mais en saurait-on plus, améliorerait-on son ça-voir en se livrant à de longs développements sur l’effet du contour subjectif qui permet une ségrégation optique des quadrangles à la manière du Triangle de Kanizsa ou de variations à partir de La loi du contraste simultané des couleurs théorisé par Chevreul ? Lorsqu’il tapisse, nappe, poudre, parsème, accorde en nuées ses couleurs, Yves Popet ne nous invite-t-il pas à reconsidérer, après Riegl, Leroi-Gourhan et Deleuze le concept d’haptique proposant à chacun de se laisser entraîner dans ce qui en est la définition : un espace d’immédiateté et de contact, qui permet au regard de palper l’objet, de se laisser investir par lui et de s’y perdre.
Extraits d’un texte de Vincent Baby « trois notes sur les pastels d’Yves Popet.
Yves Popet est un habile portraitiste, sans être un iconodoule évidemment, car il ne songe guère à tenir l’inventaire des différentes parties du visage et, au travers des rides, de révéler les incidents d’une vie figée dans un passé obscur. Il n’en néglige néanmoins pas l’œil, car il a observé que le regard n’est guère éloigné de l’âme. Si dans ses relations avec l’histoire, POPET a dû être interpellé par le carré de Malevitch, c’est davantage dans les têtes de Brancusi qu’il a été provoqué, et pieusement il a réaffirmé : ‘’La simplicité, c’est la complexité résolue’’, en développant ce propos liminaire : - la simplicité n’est jamais dans sa richesse, définitive – et c’est à pas comptés que l’on peut devenir iconoclaste, au risque d’être rongé par l’entropie en cas d’irrévérence.
Popet est amoureux, nous le découvrons dans ces tableaux pleins d’une pudeur invisible. On est loin d’un autoportrait narcissique d’un Albers ou d’un romantisme religieux d’une Aurélie Nemours ou encore de l’intransigeance d’un Sol Lewitt. Ce supplément d’âme que Popet nous invite à découvrir, au-delà du miroir, fait que l’on peut se convaincre qu’il n’a pas commis le sacrilège d’adorer le carré d’or, et qu’au-delà de la surface limitée par quatre côtés égaux et quatre angles égaux, le poète a pris la place de Pythagore, frémissant devant une page blanche.
Enfin il est de ceux qui apportent une réponse aux enfants d’Ucello, interpellés non plus par la photographie, mais par les images numériques et virtuelles, en témoignant que la vérité plastique est un regard infini.
Jean Claude Lahumière, 1994
Œuvres dans les musées et collections publiques
Collezione d’Arte della Provincia di Sassari Sardaigne (Italie).
Civico museo d’arte contemporanea di Calassetta Sardaigne (Italie).
Fond national d’art contemporain (France).
Forum Konkrete Kunst, Peterskirche, Erfurt (Allemagne).
The Foundation For Constructive Art, Universty of Calgary, (Canada).
Musée des Ursulines, Mâcon. (France).
Musée de Grenoble (France).
Muzeum Okregowe dzial sztuki wspolczesney Chelm (Pologne).
Montbéliard, Musée du château (France).
Mondriannhuis, Amersfoort (Hollande).
Collection Vaas Veszprém (Hongrie).
CollectIon Hoppe-Ritter (Allemagne)
Artothèque Auxerre (France).
Musée de Cambrai (France).
Musée de Tomé (Japon).
Städtische Museum Freiburg (Allemagne)
Sammlung Schroth, Stiftung Konzeptuelle Kunst, Soest (Allemagne).
Wilhelm Hack-Museum Ludwigshafen am Rhein (Allemagne).
Arithmeum Museum Bonn (Allemagne)
Bibliothèque de Valenciennes, collection A. Schweizer (France).
Musée de l’estampe, Gravelines (France)
Sélection des principales expositions
2009 Galerie Lahumière (avec S. Rompza), Paris.
2012 März Galerie (avec V. Molnar), Mannheim (Allemagne).
2015 Galerie Lahumière pastels (avec D. Pondruel sculptures), Paris.
März Galerie (avec F. Malaprade, G. Riel), Mannheim (Allemagne).
Espace M. Guiol pastels (avec P. Grunchec photos) Bellême.
Sélection d’œuvres disponibles dans la boutique
Sélection d’estampes disponibles dans la boutique