Victor Vasarely
« Mes unités plastiques, mes ronds, mes carrés, mes losanges multicolores, sont des étoiles, des atomes, des cellules, des molécules, mais aussi des grains de sable fins, des cailloux, des feuillages, des fleurs. Je suis beaucoup plus près de la nature que le peintre qui exécute un paysage, car je suis dedans, je la rejoins au niveau de son organisation, de l’agencement de ses éléments.  »

VICTOR VASARELY

Né en 1906 à Pécs en Autrice-Hongrie, décédé en 1997, à Paris.

Père de l'Op Art, Victor Vasarely est né en 1906 à Pécs, en Hongrie. Son parcours est celui d’un autodidacte qui n'a pas suivi de formation artistique formelle jusqu'à ce qu'il s'inscrive au Műhely, autrement dit, le « Bauhaus de Budapest », en 1929. Dès la fin de sa formation, il s'engage avec pour objectif de restaurer la fonction sociale de l'art. L'année suivante, en 1930, il s'installe à Paris où il gagne sa vie à l'imprimerie, créant notamment des affiches pour la publicité pharmaceutique. Au cours de ses premières années à Paris, Vasarely réalise ses premières oeuvres optiques, composées principalement de dessins géométriques destinés à des impressions sur tissu.

Bien qu'initié aux principes de l'abstraction géométrique durant son année d'études au Műhely, Vasarely ne s'engage pleinement dans la peinture abstraite qu'à partir des années 1950. C'est une époque qui voit naître sa fascination pour le cosmos, l’espace interstellaire et les utopies de mondes extraterrestres. Dès les années 1947-1948, Vasarely est profondément captivé par l'idée de fusion des formes dans la nature et par la perception et la formation mentale de celles-ci. Il développe une haute capacité à l'abstraction, convaincu que les formes - des ombres, des lumières, des plantes, des astres - possèdent leur propre existence et dynamisme. Un stimulant optique point dans son art après cette période « Belle-Isle » (1947-1954) qui va être suivie par celle de « Denfert » (1938-1951/58) et « Gordes-Cristal » (1948-1960). S’adonnant à la recherche 1d’une composition pure, Victor Vasarely croit y être arrivé avec l’union couleur-forme. Toutefois, il vaincra la difficulté de la distinction entre le signe et le symbole des formes surtout à partir de 1955, lorsqu’il élabore cette période « Noir-Blanc » (1951-1963) qui lui permet, par sa radicalité binaire des couleurs, d’attraper l’abstrait autour des formes géométriques. À partir de 1955, les recherches de Vasarely le poussent à recourir de plus en plus aux formes géométriques simples (carrés, cercles, ovales, losanges) qui formeront ce qu’il appelle « unités plastiques ».

Ces unités binaires sont à l'origine de son « alphabet plastique ». En examinant les composantes de cet alphabet, nous constatons que Vasarely le fonde essentiellement sur six couleurs: rouge, bleu, vert, jaune, violet et gris, y incluant de douze à quinze nuances pour chaque couleur (la plus claire étant numérotée 1, et la plus foncée, entre 12 et 15). Il introduit occasionnellement des mélanges d’autres couleurs, ainsi que de l'or et de l'argent. Vasarely utilise ces couleurs sur un carré support, au sein duquel diverses formes géométriques telles que le carré, le triangle, le cercle, le losange ou l'ellipse sont déclinées. À la manière d'une composition musicale, Vasarely permet aux résonances intérieures de ses unités plastiques de se manifester.

On ne peut appréhender l’abstraction de Vasarely sans considérer sa perspective : il percevait son époque comme une expansion, un accroissement et même une prolifération du visuel. Dans son art, marqué par ses recherches en optique, la perception humaine et sa relation à l'univers devenaient le thème central. Les formes géométriques et les couleurs émergent alors comme le nouveau langage de l'homme moderne. L'acte de voir n'est pas une contemplation passive de l’oeuvre ; le regard tente sans cesse de saisir l’intégralité et, face à chaque tentative infructueuse, il engendre de nouvelles unités perceptibles. Nous sommes témoins d'une redéfinition de l'expérience spatiale de la peinture. La décomposition de la forme, d’où l’espace se métamorphose en énergie, n'est pas restreinte à un formalisme rigide. Vasarely façonne un univers dynamique et stimulant, jouant sur la convexité et la concavité, ainsi que sur la richesse des tensions spatiales. Au sein de ce projet unique, Vasarely, bien qu'attaché à l'esthétique constructiviste, parvient aussi à réaliser un contre-coup stylistique, en d'autres termes une subversion : il déforme la littéralité des formes géométriques et recourt à diverses techniques illusionnistes pour engendrer une sorte de maniérisme dans son abstraction géométrique.

L'objectif de Vasarely était de toujours réconcilier l'art et la vie. Dans cette visée, l'architecture occupe une place cruciale dans la pensée de Vasarely, car il aspire à rien de moins qu’à révolutionner l'art, non seulement sur le plan plastique mais aussi sur le plan architectural, comme en témoigne l’intégration profonde de ses œuvres plastiques dans les espaces architecturaux. Dans ce cadre, il étend son langage plastique aux projets architecturaux autour de la « cité polychrome du bonheur ». Ainsi, il prend part à la construction de plusieurs projets architecturaux, que ce soient l’université de Caracas en 1954 avec l’architecte Carlos Raúl Villanueva, la faculté de science sur le campus de Jussieu en 1967, la gare Montparnasse en 1971 et la façade de la station de radio RTL la même année. En outre, il crée des espaces consacrés à sa propre œuvre tels que le musée Vasarely à Château de Gordes (1970), la Fondation Vasarely (1976) à Aix-en-Provence et le musée Vasarely dans son lieu natal à Pécs (1976) et, enfin, le musée Vasarely au château Zichy à Budapest (1987).

L'abstraction chez Victor Vasarely prend racine dans une vision qui imprègne tout son oeuvre : « L’artiste moderne ne peindra plus la feuille verte suspendue à l’arbre : il se demandera d’où vient la chlorophylle de la nature. Et le voici qui, du coup, s’envole dans les structures complexes de l’espace-temps » disait-il. Cette prise de conscience face à la nature a mené Vasarely à se focaliser non sur l'apparence des objets, mais sur leur essence même, leurs particules. De ce fait, Vasarely convie le spectateur non pas à observer la vie à distance, mais à plonger dans la perception des éléments plastiques, que ce soit au travers d'oeuvres architecturales ou plastiques, créant chaque fois une expansion spatiale des formes grâce aux autres composantes plastiques. Il construit ses oeuvres sur une perpétuelle tension en utilisant les points de vue inhabituels, les répétitions composées de manière complexe, autrement dit, tout ce qui est moins familier au spectateur en encourageant ce dernier à réfléchir la manière dont la perception marche. La nature reste toujours présente dans l'oeuvre de Vasarely, il ne s'en éloigne jamais vraiment, mais elle se transforme ; elle devient une source d'inspiration puisée dans la genèse de l’Univers ; Vasarely s’inspire de la genèse même de l’Univers, ses éléments peuvent toujours témoigner d’une mimesis mais cette dernière, comme écrit Philippe Junod, « acquiert une dimension cosmique en visant la genèse du monde ». Alors, rien de déjà vu : chaque instant est une exploration ; nous sommes tous des nouveau-nés.


Œuvres dans les musées et collections publiques

Ludwig Museum, Cologne, Allemagne

M.N.A.M. Centre Pompidou, Paris, France

Musée de Grenoble, France

Fondation Vasarely, Aix en Provence, France

M.O.M.A. New-York, États-Unis

Museum Ritter, Waldenbusch, Allemagne

Museum im Kulturspeicher, Würzburg, Allemagne

Sélection des principales expositions

2019, Vasarely. Le partage des formes, Centre Pompidou, Paris, France

2010, Messmer Foundation, Riegel, Allemagne

2009, Stattgalerie Klagenfurt, Austria

2008Triennale de Milan, Italie

2007, Colombus Museum of Art, Ohio, États-Unis • 2006, Kunstmuseum Zürich, Suisse

1998, Vasarely – Geometrie, Abstraktion, Rhythmus. Die Fünfziger Jahre, Ulmer Museum, Ulm, Allemagne

1992, Retrospective, Kunstforum Vienna, Austria

1979, The Optic Art of Vasarely, Phoenix Art Museum, Phoenix, Arizona, États-Unis

1966, L'Unite Plastique, Musée des Arts Décoratifs, Paris, France

1965, The Responsive Eye, Museum of Modern Art, New York, États Unis

1944, Galerie Denise René, Paris, France

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André Stempfel