Gottfried Honneger
« Le sensible et le spirituel sont les deux valeurs humaines que nous possédons, dont nous avons besoin et que nous
devons gérer. »

GOTTFRIED HONNEGER

Né en 1917 à Zurich, décède en 2016 à Zurich.

Gottfried Honegger est reconnu internationalement comme l'un des figures majeures de l'Art Constructif-Concret. Débutant sa carrière par un apprentissage comme étalagiste, il loue son premier atelier en 1936, et parallèlement à ses activités de graphiste, décorateur et photographe, il se consacre à la création artistique. Il s'installe à Paris en 1939, où il découvre et s’éprend du Cubisme. À la fin des années 40, Johannes Itten l'invite à enseigner à l'École des Arts Appliqués de Zurich, où il avait auparavant étudié pendant un an. Là, il tisse des liens étroits avec les figures de l'Art Concret de Zurich, notamment Max Bill, Richard Paul Lohse et Camille Graeser. Dix ans plus tard, il part pour New York. Là-bas, en commençant par travailler en tant que graphiste, il organise sa première exposition personnelle en 1959 et noue des contacts avec des artistes tels que Mark Rothko et Sam Francis.

De retour à Paris, Honegger se consacre entièrement à l'art, tout en maintenant son intérêt pour les arts appliqués. Il est convaincu que l'art doit s'imbricuer dans la vie et le quotidien, une conviction qui reflète son attachement à l'idée que l'art, la vie et le quotidien sont indissociables. Son engagement social est indéniable et il considère l'art comme un engagement envers la société. Pour Honegger, l'art ne doit pas être perçu comme une quête individuelle, mais plutôt comme l'expression collective de l'esprit, qui participe à la diffusion de la beauté et de l'entente. Selon lui, la beauté élémentaire et intemporelle inspire l'espoir, car elle témoigne du désir universel de construction, d'intégrité, d'unité, de santé, de liberté et de vitalité. Dès la fin des années 1950, au commencement de sa vocation d'artiste indépendant, Gottfried Honegger transforme radicalement sa pratique artistique, passant de la toile traditionnelle à une exploration de la tridimensionnalité. Il expérimente avec des morceaux de carton carrés et rectangulaires qu'il applique sur la toile, franchissant ainsi le seuil de la peinture illusionniste pour entrer dans le domaine de l'abstraction concrète. Par l'application de peinture à l'huile ou à l'acrylique sur ces surfaces relevées, il crée des jeux de lumière et d'ombre qui accentuent leur caractère sculptural. Dans son processus créatif, Honegger intègre l'élément du hasard, allant jusqu'à utiliser des dés pour décider de la disposition des cartons, attiré par les formes imprévisibles qui émergent à travers cet aléatoire authentique. Il adopte également assez tôt l'informatique comme outil d'expérimentation, en utilisant des simulations de tirages de dés pour générer des configurations aléatoires qui guideront ses compositions de segments circulaires. La période s'étendant jusqu'en 1980 est marquée par l'invention et le développement du Tableau-relief, une forme artistique révolutionnaire qui s’inscrit comme un pivot dans son œuvre. Ces reliefs sont produits en appliquant la peinture directement du tube avec un bâtonnet, une méthode qui restreint l'expression personnelle et ouvre la porte à un éventail de résultats inattendus, laissant ainsi une part à l’inconnu. Ce geste délibéré de minimiser le contrôle personnel sur l'œuvre est complété par une pratique picturale où Honegger joue sur les associations entre les différentes strates de couleur pour créer une teinte vibrante. Les couches inférieures, réparties aléatoirement et se conformant à une grille géométrique, ne cherchent pas à imiter mais servent plutôt d'arrière-plan à une abstraction chromatique qui évoque les nuances du vivant.

Honegger poursuit l’exploration de l’ambivalence entre structure conceptuelle et perception sensorielle à travers sa série de Tableaux-reliefs entièrement couverts de mine graphite démarrée au début des années 1970. Les réflexions lumineuses sur ces surfaces métallisées modulent, révèlent ou complexifient encore davantage la rigueur géométrique des compositions, confirmant ainsi la finesse de son approche où le calcul mathématique se marie à la sensibilité artistique. L’œuvre d’art connaît ainsi une démocratisation, elle devient collective, anonyme. Le tableau-je devient le tableau-nous. Dans les premières années de la décennie 1990, Gottfried Honegger s'éloigne de la tradition du tableau et de ses limites imposées par le cadre pour s'engager dans la création d'« objets » en aluminium. Ces œuvres s'inscrivent dans le sillage des questionnements propres aux artistes de l'art conceptuel et minimaliste. Il se détourne des techniques traditionnelles associées au métier du peintre, choisissant plutôt d'employer des méthodes et des matériaux industriels pour concevoir ses sculptures. Ses convictions en matière de responsabilité, d'égalité et de solidarité se reflètent à travers ses peintures, sculptures, reliefs, collages, dessins, œuvres graphiques, écrits et créations pour l'espace public. Les réalisations de Honegger invitent les observateurs à une introspection stimulée par l'exploration de la couleur, du langage formel géométrique, et des matériaux qu'il emploie, favorisant ainsi l'épanouissement de l'imagination et la quête de significations personnelles au sein de ses œuvres. En 1975, Honegger a eu l'honneur de représenter la France lors de la Biennale de Sao Paulo. Sa carrière est jalonnée de nombreuses distinctions, parmi lesquelles le Prix d'Art de la Ville de Zurich et la nomination en tant que Commandeur des Arts et des Lettres, la plus haute récompense artistique en France, qui lui a été attribuée en 1985. À travers ses vitraux commandés pour divers édifices religieux – tels que la cathédrale de Nevers, l'église de Mouans-Sartoux, ou encore la cathédrale de Liège – Honegger réalise une harmonie entre art et architecture, où la forme et la couleur se rencontrent dans l'éclat de la lumière.

Œuvres dans les musées et collections publiques

2005, Échangeur d’autoroute, Hohenems, Autriche

1999, Manufacture nationale des Gobelins,

1998, Institut dentaire de l’université, Zurich

1997, Station de métro Anagnina, Rome

1997, La Défense, Société générale, Paris

1991, Kreissparkasse, Reutlingen, Allemagne

1988, Parc public, Séoul, Corée du Sud

1986, Tour de la Lanterne, La Rochelle

1984, Régie Renault, Cacia, Portugal

1975, First National Tower Bank, Tulsa, États-Unis

1953, Waidspital, Zurich


Sélection des principales expositions

2015, Centre Pompidou, Paris, Gottfried Honegger

2013, Galerie Lahumière, Paris, Gottfried Honegger. La réconciliation avec le mur

2007, Museum Liner, Appenzell, Gottfried Honegger-Geheimnis der Geometrie

2004, La Verrière Hermès, Bruxelles, Gottfried Honegger. L’art est libérateur

1999, Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris, Métamorphose. Rétrospective

1984, Galerie Konstruktiv Tendenz, Stockholm, Gottfried Honegger

1978, Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, Rétrospective

1970, Grand Palais, Paris • 1968, Gimpel Fils Gallery, Londres, Gottfried Honegger. Painting reliefs

1963, Galerie Denise René, Paris

1960, Martha Jackson Gallery, New York, Gottfried Honegger: Swiss Purist

1949, Chichio Haller, Zurich

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