Aurelie Nemours

© Horst Schäfer

« Pensant que l’art est un combat contre le désarroi de notre civilisation, je crois fermement que la charge spirituelle de l’art est le seul recours et le seul salut. »

AURELIE NEMOURS

Née en 1910 à Paris, décède en 2005 à Paris.

Née en 1910 à Paris, peintre, graveuse, écrivaine, Aurelie Nemours est une figure majeure dont l’art s’inscrit à la fois dans la tradition de l’abstraction géométrique européenne et dans les mouvances de l’art américain tels que Colorfield painting ou Minimal Art. Née Marcelle Baron, Aurelie Nemours débute sa formation en 1929 à l’École du Louvre où l’art égyptien et byzantin l'ont rapidement intéressée. Elle décide très vite de définir sa carrière comme une artiste plutôt qu’une historienne de l’art. Dans cette voie, elle commence à étudier dans différents ateliers ; Paul Colin (1937-1940), André Lhote (1941-1944) Fernand Léger (1948-1951). Sa période d’apprentissage dure alors plus de 20 ans mais elle commence à exposer dès 1944. Auguste Herbin remarque d’ailleurs son travail présenté en 1949 au Salon des Réalités Nouvelles. Parallèlement, elle s’adonne à l’écriture et publie ses premiers poèmes dès 1945. Elle réalise sa première exposition personnelle en 1953 à la galerie Colette Allendy. À partir de cette date, ses oeuvres sont marquées par des formes simples et un nombre restreint de couleurs appliquées en aplat, avec une facture neutre. En 1965, le carré devient l'élément central de ses créations. Elle le voit comme une forme permettant l'équilibre des masses. Le rythme est donné par la multiplication et l'utilisation de variantes. En 1994, elle reçoit le Grand Prix national de peinture en France. Elle fonde l’association Aurelie Nemours en 1998, qui se charge de la réalisation du catalogue raisonné de son oeuvre et de la remise d'un prix annuel à un artiste dont le travail est proche du sien.

Aurelie Nemours s'est orientée vers l'abstraction en 1949. Commencée initialement avec des natures mortes, des dessins et des esquisses, elle a progressivement évolué vers l'essentiel, c'est-à-dire la ligne et la couleur qu'elle perçoit comme des énergies pures. Cette réduction des couleurs et des formes transforme ses oeuvres en terrains de méditation, où on se retrouve face à un universalisme cosmique qui induit des réflexions sur le visible et l'invisible. Si à partir de 1953, ses oeuvres deviennent plus complexes, précises, érudites et même ordonnées, sa méthode de composition reste toujours intuitive ; elle cherche à donner à l'espace plastique son propre rythme vital. Bien que sa palette de couleurs et ses formes géométriques soient limitées, cela ne l'empêche pas de proposer une réponse, car l'horizontalité et la verticalité définissent le rythme fondamental de toute chose en ce monde. C'est grâce à la restriction d'un vocabulaire plastique que le spectateur a « tous les possibles », comme elle nous le dit. Dès lors, son art est toujours prêt à ouvrir une voie humaniste à l'art construit. Au fil des différentes époques, Aurelie Nemours a créé ses « familles » d'oeuvres, au sein desquelles chaque tableau est distingué par une lettre ou un numéro. Elle aimait travailler sur les mêmes formes, apportant à chaque fois un nouveau dynamisme. De plus, elle a souvent eu recours à la famille du polyptyque : les diptyques, les triptyques sont fréquents dans son oeuvre. Elle s'émerveillait des propriétés des nombres, pairs, impairs, premiers, carrés, objets de contemplation qui remplaçaient le modèle vivant pour elle. Cette mathématique intérieure offrait une ivresse spirituelle. Aurelie Nemours parlait d'entrer en peinture comme on entre en religion : « On entre dans la création. C’est un état. On a pris cet état. » Cette dimension spirituelle de son art a trouvé son apogée dans la commande des vitraux qu'elle a reçue en 1998 pour l'église du prieuré de Notre-Dame de Salagon en Haute-Provence où elle a choisi de traiter l'ensemble des verrières en un unique rouge pourpre. Quant à son installation monumentale, dévoilée en 2006 à Rennes, un an après son décès, Alignement du XXI siècle, rend hommage au rythme, concept qui a profondément marqué la philosophie de son art. Réglée sur la course du soleil, cette oeuvre façonne poétiquement la nature par la verticalité des colonnes, l'alternance des pleins et des vides, ainsi que la répétition des éléments. Les grands thèmes d'Aurélie Nemours y sont tous présents. De ses débuts jusqu'à la fin, l'art d'Aurélie Nemours se sert des apparences pour révéler autre chose, dans une communication constante entre le sensible, l'intellect, et le spirituel, auquel elle nous invite à participer devant ses œuvres.

Œuvres dans les musées et collections publiques

Musée de Grenoble, Grenoble

Musée de Strasbourg, Strasbourg

Le Musée national d’art moderne de Paris,

Musée de la Cohue, Vannes

M.N.A.M. Centre Georges Pompidou, Paris

Musée des Beaux-Arts de Rennes, Rennes

Wilhelm-Hack-Museum, Ludwigshafen

Kunstmuseum Liechtenstein, Vaduz

Louisiana Museum of Modern Art, Humlebaek

Espace de l’Art Concret, Mouans-Sartoux

Kunstmuseum, Stuttgart

Museum Haus Konstruktiv, Zurich

Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofia, Madrid

Museum of Art, Tel Aviv

MACBA, Buenos Aires

Sélection des principales expositions

2015, Aurelie Nemours, La mesure du rythme, Galerie Lahumière, Paris

2007, Haus Konstruktiv, Zürich

2006, Martin-Gropius-Bau, Berlin

2004, Wilhelm-Hack Museum, Ludwigshafen

2004, Aurelie Nemours, Rythme Nombre Couleur, MNAM, Centre Pompidou, Paris

2002, Aurelie Nemours, Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg, Strasbourg

1999, Nemours, Percussif, Musée des beaux-arts de Rennes, Rennes

1996, Histoires de blanc et noir, Musée de Grenoble, Grenoble

1994, Nemours. La recherche, Haus für konstruktive und konkrete Kunst, Zurich

1990, Nemours, Centre national d’arts plastiques Paris

1984, Aurelie Nemours, Peintures, Musée Tavet Delacour, Pontoise

1983, Aurelie Nemours, Galerie Mori, Tokyo

1961, Structures, Gilbert-Nemours, Paintings, Gouaches, Drian Galleries, Londres

1953, Aurelie Nemours, Galerie Colette Allendy, Paris


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