Antoine Perrot

ANTOINE PERROT

Né en 1953 à Toulon

Héritier de l'abstraction concrète et du minimalisme, Antoine Perrot évoque avec humour une histoire qui met en scène aussi bien Marcel Duchamp que Donald Judd. Mais il apporte une gamme de couleurs toutes faites, couleurs ready-made, aux structures géométriques et répétitives des minimalistes. Ces couleurs permettent à ses tableaux de déclencher une nouvelle vision du monde, car il choisit celles qui nous entourent, celles des objets communs produits industriellement, rideaux portières, éponges, pailles, tapis brosse, ficelles, bolducs… Il subvertit ainsi les codes standards de la peinture en échantillonnant, réorganisant et révélant les qualités picturales des produits de consommation et les transforme en tableaux à vivre, prêts à être partagés.

Les oeuvres de Perrot incitent ainsi le spectateur à voir comme une évidence que le langage pictural de l'abstraction a toujours été présent dans de nombreuses activités et dans notre environnement. Mais d'un autre point de vue, en prenant constamment des éléments extérieurs au monde de l'art et en les réinvestissant dans le processus pictural, il convoque de multiples strates culturelles qui évoquent l'attrait de l'abstraction, le détachement du minimalisme et le cynisme du pop art, sans oublier le plaisir du bricolage et la fausse naïveté de l'art brut.

« La peinture d'Antoine Perrot s'établit autour d'un parti pris tenu de bout en bout et qu'on pourrait nommer : l'égalité chromatique radicale. Ou, si l'on préfère, la démocratie des couleurs. Jacques Rancière définit en effet la démocratie comme « l’égalité de n’importe qui avec qui », sans fausse sublimation prétendant transformer le commun en merveilleux, et sans mépris (« le mal intellectuel premier »). Or, c’est exactement ce que semble faire Antoine Perrot : soutenir l’égalité de n’importe quelle couleur avec n’importe quelle couleur, et faire porter exclusivement l’acte de peindre dans une nouvelle manière de reconfigurer le « partage du sensible », c’est-à-dire la répartition du visible et du dicible dans le champ chromatique : orange des années 1970, jaune vif des travailleurs de la route, vert passé, noir plastique… Il nous aide ainsi à réapprendre à voir non seulement les couleurs que l’on ne voit pas et que l’on ne veut pas voir, mais, et avec une tendresse infinie, les êtres qu’on cache ou qui se cachent derrière — les rideaux portières de sa grand-mère, les éponges du personnel de service, les gommettes de son enfance… Donc nulle transfiguration marketing ici des couleurs de la consommation de masse, mais nulle provocation, ni transgression non plus, car ces couleurs sont aussi bien les couleurs de la vie commune et de « l’homme du commun à l’ouvrage », pour reprendre la belle formule de Dubuffet. »

Extrait de Pierre Zaoui, « Vibrations heureuses des couleurs anonymes », 2011

Œuvres dans les musées et collections publiques

Schroth Collection and Foundation of Conceptuel Art, Allemagne

Musée Ritter, Waldenbuch, Allemagne

Fonds National d'Art Contemporain, Paris

Frac Bretagne, Rennes

Frac Artothèque Nouvelle Aquitaine, Limoges

Musée d'art contemporain du Val-de-Marne, Vitry-sur-Seine

Fonds d'art contemporain – Paris Collections

Musée des Ursulines, Mâcon

Musée d'Art et d'Histoire, Cholet

Sélection des principales expositions

2019, Fils échappés / Filés vers (en duo avec Olivier Soulerin), Atelier D3, Limoges

2017, Réalité nécessaire (en duo avec Jean-Gabriel Coignet), Galerie Lahumière, Paris

2014, Special notebook bargains / Cahier spécial bonnes affaires, Factory 49, Sydney, Australie

2012, Bonheur ordinaire, Moments Artistiques, Paris

2011, Peintures porte-bonheur, Galerie Lahumière, Paris

2011, Jours de bonheur, Galerie Réjane Louin, Locquirec

2006, Territoire commun, Galerie Lahumière, Paris


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