« Mes moyens picturaux sont l’action de la couleur, l’énergie sensuelle, la non-couleur en tant qu’énergie et toujours la mise en rythme comme le principe le plus intime de l’activité de l’esprit. »
GÛNTHER FRUHTRUNK
Né en 1923 à Munich et décède en 1982 à Munich.
Après avoir commencé des études d’architecture à la « Technische Hochschule » de Munich, Günter Fruhtrunk s’engage comme volontaire dans l’armée en 1941. À cette époque, il peint des aquarelles. En 1945, il se lance dans des études artistiques auprès de William Straube, ancien élève de Matisse et de Hölzel. Sa première exposition est organisée en 1947 à Fribourg. Bien qu’il travaille dans l’atelier de Fernand Léger dès 1952, ce n'est qu'en 1954 qu’il s’installe à Paris, où il vivra jusqu’à sa nomination à la chaire d’enseignement à l’Académie des Beaux-Arts de Munich en 1967. À Paris, il est surtout attiré par le mouvement « abstraction-création ». Il fait la connaissance d’Auguste Herbin et rejoint le cercle des artistes de la galerie Denise René.
Le développement du travail de Fruhtrunk est marqué par différentes étapes : il passe du constructivisme et de la prédominance de formes géométriques exactes à celle, plus claire, de la couleur. Les œuvres de Fruhtrunk entre 1950 et 1954, principalement de petits formats, présentent des formes géométriques flottant librement dans l’espace, où l’image et le motif sont encore des niveaux distincts. À la fin des années 1950 et dans les années 1960, il délaisse un vocabulaire riche de formes géométriques – tels le cercle, le demi-cercle, le carré, le rectangle et la croix – au profit d’un travail où toute courbe est abandonnée au profit de surfaces traversées de bandes de différentes largeurs, horizontales, verticales ou diagonales. Ainsi, l’image et le motif se confondent, et la couleur gagne en importance et en indépendance. Quant aux œuvres des années 1970 et du début des années 1980, elles font suite aux toiles construites des périodes antérieures avec des surfaces principalement diagonales et évoluent vers des compositions plus simples. Ces compositions, semblables à un continuum, sont déterminées seulement par des progressions rythmiques de bandes colorées et leur bord contrasté d'une couleur différente. L’émancipation de la couleur est pleinement atteinte.
Pour Fruhtrunk, le réalisme est fondamentalement dynamisme, un jeu de forces fait de multiples interférences. Ses peintures sont des provocations optiques : elles dépassent toujours légèrement les capacités d’accommodation de l’oeil. Pour lui, il ne s’agit pas de disposer des surfaces colorées dans un espace bidimensionnel figé. Il cherche à insuffler à ses compositions le dynamisme et la mobilité caractéristiques de l’oeuvre d’un Pollock ou d’un Dubuffet, mais en utilisant un vocabulaire et une syntaxe radicalement différents, voire opposés.
C’est dans cette démarche inédite, et dans la témérité de celle-ci, que réside l’originalité de son approche. Il est lyrique dans un sens de lyrisme concret, qui évoque la transparence et le silence, la simplicité de la série et la conséquence de la répétition, la netteté du son et la liberté des associations. Chez Fruhtrunk, la distribution de structures architecturales dynamiques et la pénétration mutuelle des particules génèrent un mouvement intense. L’espace lumière, qui se dégage de ses toiles, est suggéré par la valeur de cette distribution et par sa densité ; il devient perceptible uniquement au sein de ses zones d’interaction. L’intensité des vibrations optiques résulte de la concentration quantitative de particules structurales, qui altèrent ou perdent leur propre qualité chromatique selon les zones d’interaction. Elles se détruisent tout en se reconstituant sans cesse. L’érosion des contours nets confère aux couleurs utilisées dans toute leur pureté une luminosité maximale, créant ainsi l’impression d'un devenir continu. Chaque élément n’acquiert de sens qu'en relation avec son voisinage, dans un processus de destruction et de reconstruction mutuelle. Comme dans une fugue de Bach, les intervalles établissent le rythme du mouvement interne. Avec des moyens délibérément restreints, Fruhtrunk vise une expression illimitée où l’espace devient la mélodie du monde. Fruhtrunk parvient à lier logiquement dans une atmosphère lumineuse les composants de ses œuvres, n’hésitant pas à introduire rupture, glissement ou décalage pour esquiver la répétition ou la monotonie. Ainsi, cet exercice où l'artiste se fait oublier pour révéler la véritable nature des choses se transforme, à l’instar de la contemplation, en témoignage d’une présence.
Ses oeuvres peintes, composées de diagonales, de bandes et de lignes rythmées, font partie intégrante des collections de nombreux musées, tels que le Centre Pompidou à Paris, la Kunstsammlung NRW, le Lenbachhaus à Munich ou encore la Neue Nationalgalerie à Berlin. Avec son oeuvre indépendante et intransigeante, Günter Fruhtrunk est l’un des représentants les plus remarquables de la peinture concrète géométrique de la génération allemande d’après-guerre.
Sélection d’estampes disponibles dans la boutique
Œuvres dans les musées et collections publiques
Neue Nationale Galerie, Berlin, Allemagne
Daimler Chrysler Contemporary, Berlin, Allemagne
Museum für Konkrete Kunst, Ingolstadt, Allemagne
Kunstmuseum Bochum, AllemagneLenbachhaus, Munich, Allemagne
Prix
Prix Bourdelle, 1959
Prix Jean Arp, 1961
Prix d’Europe (médaille d’argent), 1966
Prix Burda, 1967
Sélection des principales expositions
2024, Lenbachhaus, Munich, Allemagne
2023, Kunst Museum, Bonn, Allemagne
2008, Städtische Galerie im Lenbachhaus & Kunstbau, Munich, Allemagne
2007, Museo de Arte de Sao Paulo, Brésil
2006, Neue National Galerie, Berlin, Allemagne
2005, Museum Wurth, Kunselsau, Allemagne
1993, Rétrospective, Neue Nationalgalerie, Berlin, Allemagne
1984, Kunstverein, Braunschweig, Allemagne
1979, Staatsgalerie für moderne Kunst, Munich, Allemagne
1974, Galerie Denise René, Paris, France
1970, Rétrospective, Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, Paris, France
1965, The Responsive Eye, Musée d’Art Moderne de New York, États-Unis