Sitôt « Paris libéré », l’activité artistique s’était montrée de nouveau florissante : elle s’est épanouie dans les galeries et dans les Salons où les artistes de toutes les générations, de toutes les origines géographiques et de toutes les tendances avaient afflué dans la capitale française. Parmi ceux-ci le Salon des Réalités nouvelles fondé en 1946 y a tenu une place originale et joué un rôle majeur, celui de se consacrer exclusivement aux courants de l’abstraction géométrique, en plein allant et renouveau avec Herbin pour chef de file.

Le Salon des Réalités nouvelles aura accueilli toutes les tendances nouvelles et expérimentales qui se manifestaient alors, de l’art concret zurichois fort de ses principes au mouvement Madí argentin riche de toutes ses fantaisies.

La présente exposition montre 11 artistes rassemblant des générations et des origines différentes : Auguste Herbin, venu du fauvisme, pionnier du cubisme, ami de Picasso au Bateau-Lavoir; Alberto Magnelli et Félix Del Marle actifs avant 1914 et proches du futurisme; Jean Gorin, le premier disciple français de Mondrian et l’un des premiers peintres à se tourner vers le relief; Jean Leppien  qui fut l’élève de Kandinsky au Bauhaus; Georges Folmer, cubiste de l’entre-deux-guerres devenu peintre abstrait.

Adjoints à ce premier groupe, 5 artistes appartenant aux nouvelles générations, celles qui ont commencé leur oeuvre après la Libération et qui seront marquées notamment par l’art d’Auguste Herbin : 2 Français, Jean Dewasne et Edgar Pillet, un Suédois Olle Baertling, un Danois, le sculpteur Robert Jacobsen, et un peintre hongrois, Victor Vasarely, élève au Mühely, le Bauhaus de Budapest, installé en France comme graphiste et publicitaire et qui va devenir le chef de file de l’ensemble. Chaque artiste est ainsi représenté par une oeuvre caractéristique de sa production des années 1950, qui témoigne d’une grande variété et révèle, non pas un style, mais bien une communauté de pensées pour des Réalités nouvelles.

Serge Lemoine, 2025