Bleu, jaune, rouge : une rentrée contemporaine

Ode Bertrand, Charles Bézie, Nicholas Bodde, Jean-Gabriel Coignet, Jean-François Dubreuil, Jean-Michel Gasquet, Renaud Jacquier Stajnowicz, Antoine Perrot, Yves Popet, Henri Prosi, Moon-Pil Shim et André Stempfel.

Du 10 septembre au 5 octobre 2024

Nous avons voulu rassembler un certain nombre de nos artistes contemporains autour des couleurs bleu, jaune et rouge et d’observer la façon dont leurs œuvres se répondent.

Certains comme Charles Bézie qui est plutôt un adepte du noir et blanc est revenu à ces couleurs primaires à la fin de sa carrière alors qu’il avait commencé une série intitulé les Primaires dans les années 80. Les Primaires étaient réalisées sur un fond blanc, en revanche les Ortholudes qui datent des années 2015 sont sur fond noir et la règle des chiffres qui ordonne ces couleurs est différente.

Ode Bertrand qui a des difficultés à aborder la couleur, s’est tout de même attelée à la tâche et le résultat est vibrant. Le travail du graphisme et d’une géométrie du trait noir sur fond blanc, pour lequel elle est plus connue, n’enlève rien au passage à la couleur, parfaitement maîtrisé. Elle a réussi ici ce qu’elle voulait, faire naître quelque chose de spirituel et évanescent quand plus rien n’est là, une trace d’un passage.

Nicholas Bodde a eu les honneurs d’une exposition au Musée Arithmeum à Bonn en Allemagne, qui a commencé en mai intitulée « De la couleur à l’infini ». Comme son nom l’indique il a investi ce musée avec toute sa palette bigarrée, qui a fait la joie des visiteurs. Ses ovales, ses ronds, ses horizontaux et ses verticaux de bandes colorées ainsi que ses totems sont venus vitaminer les cimaises et les espaces du lieu.
Les petites sculptures de la série Ana de Jean-Gabriel Coignet viennent ponctuer la déambulation dans cette exposition. Elles sont d’un rouge divin, bordeaux, et brillantes, leurs proportions parfaites leurs confèrent un art statuaire.

Jean-François Dubreuil sera présent avec un dytique de 2010 où le jaune fait une apparition remarquée. La couleur tirée au sort pour l’analyse de ce ‘Quotidien d’Oran’ fait de ce journal l’éclat du soleil qui règne dans la cité algérienne.

On reviendra sur un travail très épuré de Jean-Michel Gasquet (1929-2023) réalisé dans les années 2010, des couleurs primaires sur fond blanc. Il est à noter qu’une de ses œuvres fait partie de l’exposition en cours ‘Hommage à la France’ au Musée Ritter à Waldenbuch en Allemagne, sélection d’œuvres effectuée par la collectionneuse et fondatrice du musée.

Les dernières œuvres de Renaud Jacquier Stajnowicz, donnent à voir une lumière intérieure, comme une porte qui s’ouvre et laisse échapper une lumière puissante. Il monte ses toiles en taillant ses châssis lui-même, ce qui leurs confèrent une architecture étonnante.

Antoine Perrot, maitre du ready-made color, la couleur importée à partir de matériaux produits industriellement, nous propose de découvrir ses dernières œuvres réalisées en bolducs tissés, qui leurs confèrent un esprit presque impressionniste que nous avons mis en regards d’œuvres construites des années 90 réalisés avec des éponges colorées

Yves Popet nous fait part de ses carrés magiques savamment exécutés au pastel, dans une déclinaison de bleu et de rouge.

Une œuvre d’ Henri Prosi (1936-2010) des années 70-80 où les lignes brisées s’enchevêtrent créées de toiles découpées et contrecollées sur une toile libre, nous saisit par sa vitalité. On va s’arrêter plus longtemps pour comprendre ce qui danse sous nos yeux.

Mais que serait devenu le jaune sans l’intervention d’André Stempfel, qui en a fait sa couleur fétiche, qui se décline en mouvements abscons ou dérisoires.

Le travail de Moon-Pil Shim est d’une grande douceur, derrière ses couches successives de plexiglass et de toiles enduites de couleurs fluo, blanches ou rouges, les effets de profondeurs par superpositions sont mystérieux.

Alors place à une rentrée colorée !