Epreuves

D’une œuvre plastique que son auteur veut situer dans le sillage de l’art concret, on s’attend qu’elle soit exprimée dans et par une rigueur stricte.
Traditionnellement cette rigueur est d’un ordre géométrique, mais aussi, et à mon avis avec des résultats plus innovateurs, elle peut s’appuyer sur les énergies et les structures universelles de la nature : le plein et le vide, l’intérieur et l’extérieur, le visible et l’invisible, le simple et le multiple, enfin : sur tous les contrastes et les structures imaginables.

Pendant presque trois mille ans le diktat d’Aristote avait établi que l’art devait ‘imiter la nature’. Ce fut principalement l’art concret qui élimina la ‘mimesis’ par une véritable révolution. Mais les révolutions risquent parfois de devenir des habitudes et perdent de leurs forces.

Pour éviter ce destin, il faut donc un effort permanent pour renouveler le langage et éliminer les conventions. C’est ce que j’ai essayé de faire avec les ‘Gouttes de l’arc en ciel’. On y voit un ensemble de douze éléments qui tournent en rotation très lente autour d’eux-mêmes. Leur mouvement est au seuil entre le visible et l’invisible. L’observateur est sollicité à forcer son acuité visuelle, ce qui signifie la pénétration du regard et de l’esprit. Quelle plus noble fonction peut-on imaginer pour une œuvre d’art ?

HJ Glattfelder Août 2023